Sunday, December 17, 2006

La porte du bureau s’ouvrit brusquement. Un homme d’une quarantaine d’années se tenait sur le seuil. Il était grand, le visage lisse et allongé. Le sourire mauvais qu’il arborait, doublé de l’extraordinaire aplomb dont il semblait faire preuve de par sa stature imposante et son regard pénétrant inspirait immédiatement une sorte d’agitation intérieure, faite de crainte et de respect. Cacahuète n’avait jamais vu cet homme, Mais il le reconnu du premier coup d’oeil. Hémoglobine. Il correspondait exactement à la description qu’Edelweiss lui en avait faite quelques jours plutôt. Il la regarda furtivement du coin de l’œil. Le calme constant et absolu qui la caractérisait plus que tout autre chose semblait n’être nullement troublé par cette visite impromptue.

- Hémoglobine, fit-elle simplement. Donne-toi la peine d’entrer. Tient. Prend place. Tu prendras quelque chose à boire peut- être ?

- Un café ne serait pas de refus.

Elle se tourna vers Cacahuète.

- Hémoglobine Je te présente Cacahuète. Cacahuète, je suppose que je t’ai déjà parlé d’Hémoglobine.

- Enchanté, dit Cacahuète d’un ton qui se voulait courtois.

Comme il s’y était attendu, Hémoglobine ne lui prêta pas la moindre attention. Et aborda le but de sa visite avec Edelweiss. Cacahuète examinait la scène avec le plus grand intérêt, et essayait tant bien que mal de ne rien laisser paraître de son trouble intérieur. Il trouvait assez impressionnant de voir ainsi réunit deux personnalités aussi imposantes.

Edelweiss avait la lourde tâche de diriger l’empire de A. Depuis un an qu’il la connaissait, il ne l’avait jamais vu montrer le moindre signe de faiblesse ou de mécontentement dans quelques situations que ce soit. Son visage affichait fidèlement la même expression bienveillante. Ses yeux dégageaient constamment la même impression de clairvoyance. Même en ce moment. Même en ce moment, durant lequel elle recevait la visite du plus virulent et dangereux détracteur de toutes les valeurs qu’Edelweiss s’efforçait de mettre en place et de maintenir au sein de son peuple. Hémoglobine avait commencé sa conquête du monde dix ans plus tôt, et maintenait son hégémonie avec une habileté et une vigueur jamais vu auparavant. Cacahuète ne voulait pas perdre un mot de la conversation.

- Je suppose qu’il est inutile de te demander comment tu es rentré ici, commença Edelweiss

Le visage d’Hémoglobine sembla s’éclairer d’une lueur malsaine.

- Ah, Edelweiss, tu es si… Edelweiss. Ne t’en fait pas, je n’ai tué personne. Ce n’est pas mon genre tout de même.

- Qu’est-ce qui t’amène dans mon bureau ?

- Il serait souhaitable que nous commencions à parler politique. D’ici quelques temps je posséderais tout ce qui ne sera pas à toi. Et le monde bipolaire qui en résultera finira nécessairement par devenir instable. Je ne cherche pas la guerre. Pas avec toi. Mais je me dois de t’exposer mon point de vue et de te proposer quelques dérogations.

Edelweiss arrêta brusquement de sourire, laissant place à une expression des plus sérieuses et des plus intransigeantes.

- Je connais déjà ton point de vue sur la politique. Et crois bien que je suis navré de te décevoir, mais je ne pense pas être à même d’accepter une dérogation quelle qu’elle soit venant de toi. D’autres questions ?

- Ohohoh. Comme tu es mauvaises derrière ton allure d’humaniste emprunté. Si je ne te connaissais pas bien je dirais que tu essayes de m’impressionner.

- Nous n’avons pas le même point de vue sur la notion de diriger une société. Ton système de domination par la force ne regarde que toi et je ne veux rien avoir affaire avec lui. Personnellement je trouve simplement dommage qu’un esprit aussi brillant que le tient se retrouve au service d’une âme aussi immature.

- Oui… moi aussi je trouve ça assez dommage. Que veux-tu, on fait ce qu’on peut avec ce qu’on a. C’est ça le problème avec toi, c’est que sous tes airs complaisants se cache toujours un être prétentieux, persuadé d’être plus intelligent que tout le monde.

- Mais je suis plus intelligente que la grande majorité des gens. C’est une des choses qui fait que j’occupe mon poste aujourd’hui. Comme tu le constates, ça ne m’empêche pas d’être ‘complaisante’ avec mon entourage.

- Et de te laisser aveugler par cet espèce d’amour inconditionnel que tu mets un point d’honneur à entretenir pour tes semblables. Ce que tu appelle immaturité, je l’appelle compréhension avancée des choses. Que crois-tu qu’il va se passer dans ton monde parfait ? Ce que les hommes gagnent avec ta société, c’est une liberté civile et une propriété de tout ce qu’ils possèdent. Mais ils perdent leur liberté naturelle et leur droit illimité à tout ce qui les tentent et qu’ils peuvent atteindre. La réalité des choses est par essence continue et fondue dans une infinité de situations possibles. Il est ridicule d’essayer d’approximer la beauté de cette complexité par des lois humaines qui sont, par essence discrètes et qui, par conséquent, ne peuvent en aucun cas dompter cette infinité de situations possibles. Le monde dont tu rêves est édulcoré, adoucis par une protection des plus faibles qui étouffe la liberté brute de chacun. Comment imagines-tu l’avenir de ton peuple ? La vérité c’est que dans ta conception des choses, n’importe quel pécore a le droit de tremper son bout de queue. Toutes les tares, les faiblesses, les idioties des hommes se perpétuent grâce à tes lois, grâce à toi. Ton monde ne sera bientôt plus qu’un ramassis de crétins. Tout ça parce que Edelweiss se prend pour une Déesse sur cette terre, et s’est persuadée du bien fondé de substituer la conservation artificielle à la sélection naturelle. Bravo pour l’humanisme. Tu me prends pour un monstre, mais je ne fait que rétablir l’ordre initial, celui qui sait rendre compte de la beauté du monde et de son extraordinaire complexité. Et je ne veux pas de cet apitoiement ridicule sur la pauvreté de la condition humaine et les malheurs du monde. Je maintiens une anarchie à l’intérieur de laquelle j’affirme que chacun se sent plus vivant et plus libre que dans ton empire, où tous sont aliénés par des lois et un système beaucoup trop compliqué pour être efficace à quoi que ce soit.

Edelweiss ne répondit pas. Cacahuète savait qu’elle voulait qu’il s’en charge. Il se leva pour aller se chercher un café. Il devait être prudent. Il avait écouté le monologue d’Hémoglobine avec attention, repérant les failles, les imprécisions et les incohérences. Il savait à peu de chose près quoi répondre. Mais Hémoglobine était ce genre de personne, qui par sa simple présence vous fait perdre vos moyens, dire des phrases de travers et vous emmêler dans vos pensées ; beaucoup plus par la puissance de ses convictions et sa maîtrise totale des rapports de forces que par le contenu réel de ses propos. Il se retourna vers les deux dirigeants et commença simplement.

- Hémoglobine, je connaissais déjà les grandes lignes de vos idées politiques. Mais je dois admettre que les entendre de votre bouche leurs donnent une épaisseur et un relief que je n’aurais pas envisagé. Vos paroles m’évoquent beaucoup d’idées. Et j’aimerais y revenir avec vous, mais auparavant je veux être sûr de bien comprendre l’étendu de votre jugement sur les choses.

Cacahuète savait bien que l’étiquette refusait que l’on s’adresse de la sorte à un personnage d’une telle envergure. Mais il se devait de s’exprimer avec audace s’il voulait que ses paroles reçoivent un minimum de considération. Il continua.

- Vous rêvez donc d’un monde dans lequel la justice serait dictée par l’ordre naturel des choses. Il en résulterait nécessairement une domination des plus forts et une soumission des plus faibles. Et il ne serait bien entendu pas question de parler d’injustice étant donné qu’en cas de conflit entre plusieurs entités, la seule justice envisageable serait celle dicté par l’entité qui réussirait, de par ses efforts, à régler le conflit à son avantage. Ce monde loin d’être injuste attribuerait donc la meilleure part à ceux qui ont le plus de mérite. Ce monde serait effectivement génial, car il ne laisserait la place à aucune oisiveté. Chacun entamerait sa vie en sachant que rien ne lui est dut et qu’il doit se battre pour obtenir ce qu’il désire. Est-ce bien comme cela que vous voyez les choses Hémoglobine ?

- Epargne-moi tes courbettes la Cacahuète, et dit moi où tu veux en venir.

- Imaginons un instant que vous ayez raison, Continua Cacahuète. Et qu’un tel monde soit effectivement le meilleur possible. Le monde que je vois par vos yeux est effectivement très stimulant…

Cacahuète semblait alors perdu dans de lointaines pensées.

- Dans le monde que je vois, continua-t-il, on y chasse des Elans dans des forêts humides, se dressant autours des ruines du Rockefeller center. On y porte des manteaux de cuire d’animaux fraichement tués. On y grimpe sur des vignes de kudzu, épaisses comme le poing, montant le long d’une vielle tour délabrée. Et de la haut... on peut y voir des gens, aussi petits que des grains de maïs et des chevreuils allongés sur des carcasses de voitures, au milieu d’une autoroute abandonnée. Dans ce monde… il va de soit que nos esprits et nos âmes, gagneront vivacité et entrain. Il va également de soit que dans cet univers ou chacun travail en priorité pour lui-même, les gens comprendront rapidement que l’union fait la force, et commenceront à se lier en petits groupes afin de répondre à leur instinct de survie. Puis les groupes s’agrandiront, et ils s’apercevront bien vite que l’ordre naturel qui les régissait correctement en petit nombre doit être structuré par des lois quand ce nombre s’agrandit. Puis les groupes grossiront encore et encore, les gens reconnaîtront le bien fondé de vivre en communauté plutôt que chacun dans son coin. Ils le reconnaîtront car ce mode de vie plus que tout autre est adapté à notre nature humaine, aussi bien du point de vue de la de la survie que de la nécessité d’interaction avec nos semblables. Il résulte de tout cela, que notre empire actuel est peut-être décadent, mais que le votre est simplement un retour en arrière considérable, vers un passé qui évoluera inéluctablement au point ou nous en somme aujourd’hui, aussi déplaisant cela puisse-t-il vous paraître. La seule vrai question à se poser est : ‘comment aller de l’avant ?’ et non pas ‘comment revenir en arrière ?’

- Intéressant… Elle a bien appris sa leçon la Cacahuète. Vous voila fier d’écrire le futur d’une histoire à sens unique. Mais moi je vous parle de laisser le Cahot faire son devoir. Lâchez les reines de l’histoire et elle s’émancipera, laisser-là un peu retourner vers son état sauvage.

- Ce que j’essayais de vous dire, mais que vous n’avez manifestement pas compris ou pas voulu écouter, c’est que nous ne faisons rien, que d’autres ne feraient pas si nous n’étions pas là. L’histoire n’aspire pas à retourner à son état sauvage ni au cahot. Elle aspire à se donner elle-même un sens, de même que les hommes aspirent à vivre en groupes, et que ces groupes aspirent à vivre en harmonie. Cette harmonie existe probablement, quelque part, à travers le dédale d’un Grand ordre des choses. Et, nul doute que si nous savions la recevoir d’aussi haut, nous n’aurions pas besoin d’enfermer la société dans des lois pas toujours parfaites. Et nul doute non plus qu’un système sans lois comme celui que vous envisagez n’est pas adapté aux hommes.

- Et moi je pense que vous avez adapté les hommes à votre monde. Pas l’inverse.

- Ce sont les habitants de cet empire qui font cet empire. Ils s’adaptent à lui comme lui s’adapte à eux. La concordance entre les intérêts de chacun et les intérêts de l’empire est loin d’être parfaite, mais pour le moment elle converge.

Hémoglobine observa Edelweiss, puis Cacahuète. De tout évidence, ce jeune homme n’était pas un de ces conseillés niais et bornés desquels Edelweiss s’entourait par bonté d’âme. Qui était-il ? Il le vit reposer son café aussi tranquillement qu’il l’avait prit. Il ne paraissait nullement impressionné ni n’avoir aucune inquiétude, même légère. Hémoglobine excellait dans le sondage des âmes, pour déceler toutes les compulsions et les phobies des hommes. Il savait mieux que personne tirer parti des vices et des bassesses de chacun. Mais ce jeune homme semblait n’avoir aucun point faible apparent. Pourtant tout le monde en a un. Qui cherche trouve. Hémoglobine se leva et alla à son tour reprendre un café sans quitter Cacahuète des yeux. Fallait-il le briser dès maintenant ? Ou fallait-il attendre un peu. Il semblait avoir tant de confiance en lui, c’en était aussi intriguant qu’exaspérant. Il décida de continuer tranquillement.

- Je serais curieux de connaître vos formules de convergence entre les intérêts de chacun et les intérêts de l’empire.

- Nous étions précisément en train d’en discuter avant que vous n’arriviez à l’improviste.

Cacahuète pensait bien qu’Hémoglobine supportait difficilement le sarcasme. Il jeta un rapide coup d’œil à Edelweiss pour guetter son approbation, puis revint soutenir le regard noir que lui lançait Hémoglobine. Il souriait. Du sourire sardonique et cruel de celui qui goûte le spectacle de la futile rébellion de ses sujets avant de tous les massacrer. Mais Cacahuète gardait son calme. D’une part parce qu’il savait pertinemment qu’Hémoglobine ne tenterai rien en présence d’Edelweiss, d’autre part parce qu’il avait confiance en ses vertus de bon coureur au cas les choses tournaient tout de même mal. Edelweiss loin de s’inquiéter semblait assez amusée par l’énervement manifeste d’Hémoglobine.

- Je vois que vous semblez curieux d’en apprendre d’avantage continua Cacahuète imperturbable. Et c’est avec plaisir que je vais vous exposer à vous aussi les idées que je gardais pour Edelweiss.

- Tu me vois honoré d’un tel crédit, répondit Hémoglobine d’un ton lourd de sens.

Il continuait de fixer Cacahuète. Ce dernier faisait son possible pour rester concentré. Il ne devait en aucun cas se laisser perturber par le regard pesant d’Hémoglobine. Il y avait autre chose. Des visions subites et étranges commençaient à se glisser furtivement dans son esprit. Comment pouvait-il garder une telle confiance ? Comment pouvait-il être aussi sûr que ses réflexes puissent le sauver, dans le cas où Hémoglobine lui sauterait brusquement dessus. Son triste interlocuteur connaissait probablement plusieurs façons de tuer un homme à mains nus et ce très rapidement. Hémoglobine n’avait aucuns scrupules à simplement tuer tout ce qui se mettait en travers de sa route. C’était sa réputation et celle-ci s’inscrivait parfaitement dans la conception des choses qu’il exposait. Cacahuète s’aperçu que sa main tremblait. Très légèrement. Hémoglobine s’en était-il aperçu ? Il ne devait pas perdre le fil de ses idées. Il devait lui répondre. Et ne pas céder à la panique. L’empereur continuait de le fixer de son regard glacial et d’arborer son sourire diabolique. Edelweiss pouvait-elle l’aider ? Il comprit qu’elle ne le ferait pas. Elle attendait de voir comment se débrouillait son élève.

- Imaginons, commença Cacahuète.

La suite était tout à fait embrouillée dans son esprit. Rien ne sortait. Il essayait confusément de se remémorer les cours de communication non verbal que lui avait donné Edelweiss. Hémoglobine excellait dans l’art d’inspirer la peur sans avoir besoin de dire un seul mot. Et Cacahuète ne voyait qu’un moyen de s’en sortir. Il devait lui donner ce qu’il voulait. Montrer sa peur. Lâcher la prise. Arrêter de lutter. Il laissa sa main trembler. Et alors qu’il fit mine de continuer sa phrase, il renversa sa tasse de café sur le sol. Cacahuète était assez doué pour imiter la maladresse. Toujours dans une confusion forcé, il se pencha pour ramasser les débris de porcelaines, et fit bien attention à garder les yeux rivés vers le sol. Il devinait le sourire narquois d’Hémoglobine.

- Alors la Cacahuète, tu sembles… troublé. Qu’en est-il de tes considérations élevées sur l’avenir de ton empire ?

Cacahuète releva la tête et laissa apparaître un visage malicieux. Il pouvait continuer à présent.

- Je suis terriblement maladroit… J’espère que mes idées valent quand même mieux que ma gaucherie. Mais vous allez pouvoir en juger par vous-même. J’ai essayé de vous montrer tout à l’heure que l’histoire avait un sens et conduisait forcément à l’élaboration de sociétés. Car les gens aiment et veulent vivre en groupe. La chose n’est évidement pas aussi simple que je l’ai prétendu. Voyons l’évolution sous un angle purement alimentaire. Au début, les gens travaillaient pour se nourrir. Ils travaillaient directement la terre, faisaient des élevages. Chacun savait pourquoi il travaillait et il n’y avait pas de questions à se poser. On travaillait pour vivre. Puis les technologies ont évoluées, les choses sont devenues différentes. Nous passerons les détails. Aujourd’hui, les gens travail dans une multitude de secteurs différents, à faire une multitude de choses différentes. La société est devenue très complexe. Beaucoup ne savent plus trop pourquoi ils travaillent et il y a beaucoup de questions à se poser. Le mode d’emploie pour s’intégrer dans cette empire s’épaissit d’année en année et n’est écrit nul part. De plus en plus de gens ne s’intègre plus. On mesure le degré d’absurdité de la chose au nombre de personnes qui n’ont pas de travail. Je suppose que beaucoup de gens, y compris vous, savent voir la beauté des choses simples, et veulent revenir à une certaine simplicité. Simplement vivre de la culture ou de la chasse. Ne pas se poser de questions compliqués et superflues sur le sens que prend l’existence dans l’empire qu’est le notre aujourd’hui. Mais les gens ne peuvent plus vivre comme avant. Car les choses ne sont plus aussi simples. La chasse est gardée, les champs appartiennent à de grands propriétaires fonciers, l’élevage est industrialisé. Encore une fois, je souligne que revenir en arrière serait une perte de temps car cette évolution est la seule évolution logique et possible des choses. Je ne prétends pas régler les problèmes philosophiques posés par cet état des faits. Mais dans un premier temps, il me parait possible de régler des questions plus matérielles et non moins importantes comme : Comment faire pour que tout le monde ait un toit et mange à sa faim ? Comment faire cela dans un monde qui a violé la simplicité naturelle des choses ? Il y a peu d’éléments réellement vitaux à l’homme. De la nourriture et un toit. Rien de plus. Et je pense que l’empire gagnerait beaucoup à prohiber toute forme de profit sur un panel de nourriture basique et des logements tout aussi basiques. Cela se traduirait par une gratuité totale de ces éléments. L’état devrait s’occuper de cela. Et les moyens technologiques actuels le permettent. Imaginons la chose possible et en place. Il s’en induirait beaucoup de choses. En premier lieu, les gens ne serraient plus forcés de travailler, étant donné leurs besoins vitaux assouvis par un Empire-Providence. La première question à ce poser est : si personne ne travail, qui va produire la nourriture, et qui va remplir les milles et une fonctions nécessaires au bon déroulement de la société. La réponse à cette question se trouve dans la réponse à une autre question tout aussi légitime : Qui payera des impôts si personne n’a d’argent ? Le changement radical qui permettrait cela serait le passage d’un impôt sous forme d’argent à un impôt en nature. La chose peut paraître étrange et mérite explication. En premier lieu, il ne s’agit pas là de supprimer l’argent. Comme pour le reste, le supprimer serait inutile, car celui-ci résulte de la seule évolution logique et possible de la société. En revanche, on doit pouvoir le supprimer pour les choses vitales dont l’homme a besoin, avec lesquelles il est immoral de faire du profit. En retour, les citoyens de la société en question doivent faire quelque chose pour la société qui les nourrit et les loges à titre gracieux. Les milles et unes choses nécessaires au bon déroulement de la société. Un jour par semaine, chacun irait porter les poubelles de son quartier, nettoyer les lieux publiques, surveiller le bon fonctionnement des machines dans les usines… que sais-je encore ? cet impôt en nature aurait l’avantage de responsabiliser les citoyens envers cette société. Evidement les choses ne sont pas aussi simples que cela. Plusieurs objections légitimes peuvent être émises. Mais avant d’y venir, j’aimerais d’abord rectifier ce qui pourrait être des mauvaises compréhensions des choses. En premier lieu, il ne s’agit évidement pas du tout de communisme. Etant donné que nous laisserions proliférer un capitalisme sauvage sur tout ce qui n’est pas vital à l’homme, c'est-à-dire tout ce qui ne rentre pas dans le cadre d’une nourriture de base, qui reste à définir, et d’un logement de base, qui reste lui aussi à définir. En second lieu, On peut simplement souligner qu’il est certain que les gens n’arrêteront pas de travailler. La première raison est que la majorité d’entre eux aura probablement envi d’un peu plus que le minimum vital fournit par l’empire. Pour cela ils travailleront et gagneront de l’argent, exactement comme avant. La deuxième raison est que les gens s’épanouissent dans leur travail. Particulièrement dans ce nouveau système, à l’intérieur duquel, les gens n’étant plus forcés de travailler pour leurs survies, ont le temps de réfléchir et de tester différentes choses. Ils ont le temps de trouver leurs places dans cette société, et un travail à l’intérieur duquel ils peuvent réellement s’épanouir. Cela établit, passons aux objections. Qu’en est-il des métiers nécessaires à la société et qui demande un certain savoir-faire ? C'est-à-dire des métiers pour lesquels on ne pourra raisonnablement pas introduire cet impôt en nature dont je parle. Je pense particulièrement à trois choses : Les forces de l’ordre, les métiers de la santé, et ceux de l’enseignement. Je n’ais pas de réponse toute faite à cet objection. Le savoir-faire de tout ces gens mérite un salaire. Ce salaire ne peut être donné que par un impôt. Il parait effectivement utopique de supprimer tous les impôts. On pourrait par exemple garder la TVA, qui devrait suffire à régler ce problème. Une deuxième objection est la difficulté, voir la quasi-impossibilité de mettre un tel système en place. Tout cela mérite évidement une étude approfondie que je n’ai pas le temps d’exposer ici. Voila à peu près de quoi je voulais m’entretenir avec Edelweiss. Qu’en pensez-vous ?